Taoufik Makhloufi, médaillé d’or sur fond de polémique
L'Algérien Taoufik Makhloufi est devenu mardi champion olympique du 1500 m, moins de 24 heures après avoir dû fournir à l’IAAF un certificat médical attestant d’une blessure "douloureuse" au genou l’ayant empêché de disputer le 800 m.
Par Sylvain MORNET , envoyé spécial à Londres (texte)
Taoufik Makhloufi a remporté mardi la finale du 1500 m, devenant champion olympique de la distance. L’Algérien, auteur d’un temps de 3’34’’08, a laissé derrière ses concurrents, sous la pluie et dans la fraîcheur du stade olympique de Stratford. Il devance l'Américain Leonel Manzano (3’34’’79) et le Marocain Abdalaati Iguider (3’35’’13), champion du monde en salle en mars dernier à Istanbul.
À 24 ans, Taoufik Makhloufi décroche la première médaille d’or olympique algérienne depuis 12 ans. Il s’agit de la 7ème de l’histoire pour l’Algérie en athlétisme, la 4e sur la distance. À noter que toutes les médailles d’or algériennes en athlétisme ont été gagnées sur le 1500 m (Hassiba Boulmerka en 1992 à Barcelone, Noureddine Morceli en 1996 à Atlanta, Nouria Mérah-Benida en 2000 à Sydney et donc Taoufik Makhloufi à Londres en 2012).
Makhloufi, exclu des JO pendant quelques heures
Le succès de l’enfant de Souk Ahras a toutefois soulevé un flot de polémiques au lendemain d'un imbroglio réglementaire qui avait conduit à son exclusion temporaire des Jeux olympiques.
Le dimanche 5 août, après la demi-finale du 1500 m que Makhloufi achève avec une "légère blessure", la Fédération algérienne d’athlétisme omet de le retirer du 800 m qu’il doit courir le lendemain. Ce jour-là, pendant les séries, le champion d’Afrique du 800 m à Porto-Novo (Bénin) cette année ne tente pas de rivaliser avec ses adversaires et, après quelques mètres parcourus, cesse de courir et repart en arrière vers le sautoir à la perche.
La Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) décide alors, en vertu de l’article 142 de son règlement, d'exclure l’Algérien des Jeux pour "mauvaise foi et manque de combativité". L’instance précise toutefois que le coureur du GSP (Groupe sportif des pétroliers) pourra être réintégré pour la finale du 1 500 m s'il présente un certificat médical signé par un praticien agréé par l’IAAF pour justifier son refus de courir le 800 m.
Or contre toute attente, Makhloufi fournit un certificat médical, signé par deux médecins, attestant, selon Reuters, qu’il "souffrait d'une blessure douloureuse qui toutefois, avec un traitement approprié, pourrait lui permettre de courir 24 heures plus tard."
Makhloufi écœure ses adversaires
Le "traitement" fut donc très efficace, car en plus de pouvoir courir mardi sur la piste du stade olympique, Makhloufi a terrassé ses adversaires à la faveur d'une accélération foudroyante dans les 300 derniers mètres, parcourus en 39 secondes 36, qui a laissé sur place tous les autres prétendants au titre.
"C'est un grand cadeau pour le peuple algérien et pour le monde arabe", a déclaré le jeune Algérien après son sacre au micro de RFI
Taoufik Makhloufi succède au Kényan Asbel Kiprop, médaillé d'argent aux JO de Pékin avant de devenir champion olympique sur tapis vert après le déclassement du Bahreïni Rachid Ramzi pour dopage.
Présent dans cette finale, Kiprop a pris la 12e et dernière place. Le premier Kényan au classement de ce 1500 m est Silas Kiplagat qui termine 7e (3’36’’19). C’est la première fois depuis 1992, qu’aucun d'entre eux ne montent sur le podium du 1500 m.