Le décret de mai 2011 aux oubliettes
la garde communale sans statut
Les agents de la garde communale sont dans la précarité. Leur dossier semble être oublié, depuis la mise en vigueur de la charte pour la paix et la réconciliation nationale.
Ce texte, adopté le 29 septembre 2005, a enterré toute voix rappelant le triste vécu durant la décennie noire. Pourtant, 94 000 agents se débattent aujourd’hui dans des conditions difficiles pour défendre leurs droits, après avoir «été sacrifiés», disent leurs représentants «au profit de ceux que nous avons battus hier». La garde communale a été créée en 1994 pour renforcer les rangs de l’armée dans la lutte antiterroriste. «Nous avons été la chair à canon. Nous avons participé aux opérations de ratissage, au même titre que les éléments de l’ANP, nous avons perdu les nôtres et, aujourd’hui, nous sommes réduits à la mendicité, nous n’existons même pas en tant que corps armé», rappellent les agents de la garde communale.
La marche organisée sur Alger le 7 mars 2011 par un millier d’agents a été l’occasion pour les effectifs de cette corporation de revendiquer un statut «digne des sacrifices consentis». Une démonstration de force pour mettre le gouvernement devant ses responsabilités, et prêter une oreille attentive aux doléances de ces agents en quête de «conditions de vie plus humaines». Cette amélioration ne peut se concrétiser sans la promulgation d’un statut permettant à ces agents d’être reconnus en tant qu’éléments de l’Armée nationale populaire, c’est-à-dire intégrés parmi les effectifs sous la tutelle du ministère de la Défense nationale. La marche de mars a été, surtout, le point de départ d’un mouvement de protestation visant à répondre avec force aux informations faisant état de l’intention de dissoudre carrément cette corporation.
C’était donc un message fort, nécessitant une réponse urgente de la tutelle. Le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a répondu que la réorganisation de cette corporation a été prévue. La garde communale relèverait, dorénavant, du ministère de la Défense. Cette annonce s’est consolidée avec la publication, dans le Journal officiel, le 26 mai de la même année, d’un décret présidentiel portant sur le placement de la garde communale sous la tutelle du ministère de la Défense. «C’est plutôt une mesure visant à apaiser la protestation parmi ces agents», commente M. Aliouat, délégué de Bouira.
Dans la réalité, selon les même protestataires, «il n’y a aucune trace de ce texte, signé pourtant par le Premier magistrat du pays. Les pouvoirs publics n’ont émis aucun texte d’application». Déterminés à poursuivre leur action, les gardes communaux revendiquent un statut «qui prenne en considération le caractère armé de leur fonction». Il faut savoir que ces agents sont actuellement considérés, officiellement, comme des agents de la Fonction publique. La moyenne de leurs salaires ne dépasse pas 14 000 DA. Les veuves et les enfants des agents assassinés et ceux qui portent encore des signes d’invalidité physiques réclament un statut de victimes de terrorisme.