16 000 nouveaux enseignants : les syndicats jugent insuffisant le nombre de recrutements
Bien qu’ils saluent la décision de l’organisation d’un concours de recrutement dans le secteur de l’éducation, les syndicats se montrent divergents tout en insistant sur les besoins réels.
Ainsi, le ministère de l’Education nationale ouvrira 16 521 postes pour la rentrée scolaire 2012-1013. Les critères de sélection visent essentiellement à absorber les contractuels exerçant depuis des années ainsi que les anciens diplômés. Mais cette offre répond-elle aux exigences du terrain ? «On a besoin de 32 000 enseignants si on veut aller vers des classes de 30 élèves. Le recrutement de 16 000 enseignants maintient la moyenne de 45 élèves par classe. On aura également des emplois du temps surchargés», analyse Idir Achour, porte-parole du Conseil des lycées d’Algérie (CLA). Le Conseil national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest), quant à lui, estime que le nombre de postes qui seront ouverts cette année est suffisant pour combler le déficit dont souffre le secteur.
«Le nombre de 16 000 enseignants doit répondre aux besoins exprimés par le secteur. D’autant plus que le gouvernement a décidé de ne pas recruter pour une durée déterminée», considère Nouar Larbi, secrétaire général du Cnapest. Ce dernier, qui suppose que le nombre a été décidé suite à une évaluation des besoins, juge tout de même que si le secteur se retrouve encore une fois cette année face aux mêmes défis, cela dévoile la défaillance des responsables qui, d’après lui, n’ont pas élaboré d’études du terrain convenablement. L’Unpef, par le biais de son chargé de communication, Messaoud Amraoui, déclare que le concours de recrutement est une solution. D’après lui, ce concours assure une certaine stabilité dans le secteur. Mais M. Amraoui se montre tout de même peu convaincu quant au nombre de postes proposés cette année : «On est loin des études du terrain qui se basent sur des données réelles.» Et d’alerter sur le manque d’enseignants dans le Sud : «Il n’y a pas de mesures incitatives pour les régions du Sud. Le problème de manque d’enseignants va encore se poser.»
Pour la formalité adoptée cette année, le CLA trouve le concours sur l’étude du dossier comme «acceptable». Pour l’oral, M. Achour assure que ce test vise l’aspect psychopédagogique. Ce syndicaliste critique cependant la date fixée pour ce concours : «La date du 12 août n’est pas convenable. Le ministère aurait pu organiser ce concours à la fin de l’année scolaire.»
Pour sa part, le secrétaire général du Cnapest revient sur ce qu’il qualifie d’«anomalie» dans les critères de recrutement : «Nous avons demandé à revoir la nomenclature qui exclut les ingénieurs en physique et en statistiques du concours d’enseignement. Mais notre demande n’a pas été prise en considération. Du point de vue pédagogique, cette exclusion n’a pas de sens. Un ingénieur en statistiques a des performances pour enseigner les mathématiques. Idem pour un ingénieur en physique qui domine cette spécialité.» Nouar Larbi rappelle que dans le cas de manque d’enseignants de lycée où le diplôme exigé est bac+5, les académies recourent aux licenciés de l’ancien système (bac+4).
Autre défaillance : les conditions de dépôt des dossiers de candidature ont été dénoncées par le CLA, notamment dans la wilaya de Béjaïa et de Tizi Ouzou, où les candidats ont dû mettre trois jours pour déposer leurs dossiers. Le CLA explique la galère de ces candidats par la mauvaise organisation.